Quelques bases de photographie
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Il y a quelques années, j'ai suivi un cours de photographie. Bon on va se le dire tout de suite, c'était niveau débutant… Toutefois, ce n'était pas inintéressant, et au fil du temps, ces bases me sont apparues comme peu connues. Alors pour vous faire économiser ce cours, voici quelques bases de la prise de vue photographique.
Un (tout petit) peu de technique
Prendre une photo, c'est capturer de la lumière.
Je pourrais m'arrêter là, c'est LE concept fondamental, le reste c'est “faire de la photo”, et comme c'est la partie la plus intéressante, on va y revenir après ☺
Donc capturer de la lumière, et le faire bien, implique de savoir comment fonctionne un appareil photo :
- la lumière, dans son modèle corpusculaire, se propage (notamment via la réflexion sur les objets qu'elle rencontre),
- l'objectif de l'appareil photo, sert à canaliser la lumière et à former une image via un système de lentilles qui forme un ensemble convergent,
- enfin la surface sensible qui fixe l'image produite par l'objectif ; elle peut être :
- une pellicule (pour les appareils argentiques) travaillant sur la base d'une émulsion qui va réagir chimiquement à la lumière (ce processus nécessite une opération de développement pour finaliser la réaction et obtenir une image),
- un capteur électronique photosensible (pour les appareils numériques) qui convertit la lumière en signal électrique analogique puis numérique.
Voilà pour le fonctionnement théorique d'un appareil photo, maintenant voyons comment s'en servir.
Afin de capturer la bonne quantité de lumière, le photographe dispose de 3 leviers :
- l'ouverture du diaphragme de l'objectif (cet élément permet de réduire la quantité de lumière transmise à la surface sensible pour modifier les propriétés optiques de l'objectif telles que la profondeur de champ, la diffraction et les aberrations), il s'agit du nombre ƒ (ou plus précisément 1/ƒ puisque plus ce nombre est élevé, plus le diaphragme est fermé),
- la sensibilité ISO (dépendant de la pellicule employée en argentique ou du traitement numérique effectué),
- le temps d'obturation (c'est à dire la durée pendant laquelle la surface sensible est exposée à la lumière de la scène).
Ces 3 paramètres sont à combiner pour tirer le meilleur parti de la lumière disponible. Mais attention, leurs valeurs vont conditionner l'image : un temps d'obturation court fige l'image au contraire d'une durée plus longue qui permet de faire un “filé” ou de capturer le parcours d'une goutte d'eau, une grande ouverture va donner une faible profondeur de champ (c'est à dire un flou marqué avant et après la zone de mise au point) alors qu'un diaphragme quasi fermé permet de capturer les différents plans avec une bonne netteté.
Ok, mais je n'ai jamais modifié ces paramètres moi. Je ne sais même pas comment on fait ?
Acheter un reflex et l'utiliser uniquement en mode automatique, c'est comme investir dans une chaîne Harman Kardon pour écouter du Christophe Maé : c'est gâché !
Sortez de l'habitude du tout automatique et posez vous la question du contexte de votre photographie :
- une scène d'action ou de sport : il faut privilégier la vitesse d'obturation pour figer l'instant, on utilise alors le mode “Tv” ou “S” avec une vitesse courte (l'appareil se chargera de régler l'ouverture et la sensibilité),
- Une cascade : on peut tenter une pose longue (toujours en “Tv”, mais ici avec une durée d'au moins 10 secondes ; à moins d'être un maître zen, un trépied vous sera indispensable),
- une portrait posé : ici, c'est plutôt l'ouverture qui va nous intéresser afin de générer un joli bokeh, on utilise le mode “Av” ou “A” (Aperture) dans lequel on ouvrira le diaphragme en grand (petit chiffre ƒ), encore une fois l'appareil se chargera des autres réglages (durée d'obturation et sensibilité)
- Etc… à chaque situation son mode.
L'inconvénient de ces modes, c'est que vous laissez le choix de l'exposition (niveau de lumière) à votre appareil photo, puisque vous fixez un paramètre mais laissez les autres à la main du calcul de l'appareil (qui n'est toutefois pas si mauvais en général). Vous pouvez tout de même choisir la zone de mesure de l'exposition via un bouton de mémorisation de celle-ci en cadrant sur la zone à exposer, puis déplacez votre visée pour prendre la photo comme bon vous semble (pratique notamment pour prendre une photo en contre-jour : mise au point sur le sujet puis recadrage).
Une fois que vous êtes à l'aise, il est temps de prendre le contrôle complet : le mode manuel “M”, permet de fixer l'ensemble des paramètres (ouverture, durée d'obturation et sensibilité) et d'avoir ainsi l'exposition souhaitée.
Pour vous guider dans le réglage de l'exposition, utilisez la barre présente dans le viseur qui indique si la zone visée est surexposée (trop éclairée à cause d'une trop grande ouverture, d'une durée trop longue ou d'une sensibilité trop élevée) ou sous-exposée (trop sombre). Il y aura du déchet, beaucoup ; parfois vous regretterez de ne pas avoir pris plusieurs clichés avec des paramètres différents, mais c'est en prenant des risques que l'on progresse !
NB : merci de ne pas me tenir pour responsable des photos que vous allez foirer.
La composition : règle des tiers, nombre d'or et lignes de fuite
La fameuse sacro-sainte règle des tiers, tout ceux qui ont déjà visité un forum photo en ont entendu parler :
Mais… ton sujet est centré, ça ne va pas du tout !
Et là, vous vous dites :
Mais pourquoi, diantre, centrer mon sujet serait-ce si mal ? On a toujours fait comme ça.
Alors la réponse est simple : quand l'œil regarde une image, il la découpe et suit à un chemin pour la lire et la décrypter. La disposition et les proportions des masses et des couleurs sont plus harmonieuses quand elles suivent la règle des tiers (ou celle assez proche du nombre d'or).
Pour comprendre ce qu'est la règle des tiers, il suffit de diviser l'image en 3 bandes horizontales et 3 bandes verticales, aux intersections se situent les “points de force”.
Il est intéressant d'exploiter cette découpe de l'image en positionnant le sujet ou les éléments intéressants sur ces points (ou sur les lignes). En paysage, cela se traduit par un ratio 1/3 de ciel - 2/3 de paysage (ou l'inverse suivant ce que vous voulez mettre en valeur). En portrait, on pourra positionner le regard sur la ligne horizontale du premier tiers.
illustration de la règles des tiers appliquée à une statue
Bien sûr, c'est une règle et il faut parfois savoir s'en affranchir ! Comme par exemple quand vous vous trouvez devant un lac placide où la force de votre photo sera un jeu de miroir entre le ciel et son reflet (un ratio 50-50 sera alors plutôt malin). ignorer l'existence d'une règle est différent de la connaitre tout en choisissant sciemment de la transgresser :)
Ok à peu près, et ton histoire de nombre d'or, c'est quoi alors ?
C'est la même notion, le découpage est légèrement différent, mais l'idée reste la même : ne pas positionner les points d'intérêts de la photo au centre et jouer sur les proportions pour que l'image soit naturellement esthétique.
Pour guider le regard, la photo peut utiliser les “lignes de fuite”, il s'agit des droites présentes dans votre scène qui vont littéralement servir de guide à l'œil lors de son parcours. Ainsi une route, une balustrade, un bâtiment ou même une simple branche partant d'un angle et traversant la photo va donner un sens de lecture à l'image.
illustration d'une ligne de fuite
Laisser de l'espace, là où il en faut !
Si on reprend notre découpage en tiers, on peut se poser la question de savoir sur quel tiers vertical positionner le sujet. La réponse est évidement contextuelle à la scène, mais une autre règle de bon sens est de laisser “respirer” le sujet, c'est à dire de laisser de l'espace du côté où va son regard afin que la lecture nous invite à le suivre (il peut être habile de placer quelque chose d'intéressant au second plan dans la continuité du regard).
Pour les portraits, il existe plusieurs formats :
illustration des différents cadrages (Wikimedia Commons)
Pour des photos de paysage et de scènes urbaines, évitez de laisser des bouts de ciel entre 2 toits, soyez cohérents : soit vous prenez tout le toit, soit vous le coupez complétement.
Gérer la mise au point
Vous l'aurez compris au premier chapitre, l'ouverture détermine la taille de la zone de netteté, ce qu'on appelle la “profondeur de champ”, mais sachez qu'elle est deux fois plus grande derrière le point de focus que devant.
La gestion profondeur de champ permet notamment de détacher le sujet de la photo de l'arrière plan, technique très appréciable pour des portraits notamment.
illustration de la faible profondeur de champ
A pleine ouverture (avec un nombre ƒ compris entre 1 et 3 suivant les objectifs), un décalage de mise au point sera fatal, aussi il est conseillé d'éviter de recadrer à mi-course du déclencheur (faire la mise au point puis recadrer la photo avant de la prendre) car vous risquez de vous décaler. Plusieurs techniques s'offrent à vous : utiliser un collimateur (les points rouges qui s'affiche dans la visée de l'appareil indiquant qu'ils ont fait le focus) plus adapté à votre scène, utiliser la visée via l'écran de l'appareil pour déplacer le point de focus (équivalent du collimateur), quant aux plus joueurs d'entre-vous, ils opteront pour une mise au point manuelle (désactivation de l'autofocus) en regardant dans le viseur (ou l'écran).
Sujet or not sujet ?
Il y a des critiques que l'on voit souvent et qui me hérissent les poils tout autant qu'une chanson de maître Gims :
Belle photo, dommage, qu'il n'y ait pas de sujet.
Alors soyons clairs, il y a de nombreux genres photographiques où le “sujet” n'est pas une personne, mais la scène en elle même (paysage, street, astrophotographie, …).
Ceux ont déjà regardé mes albums auront peut-être remarqué l'absence chronique d'humains. Non pas que je sois asocial (quoique…) mais quand je shoote un monument ou un paysage, je n'ai pas envie d'y coller quelqu'un devant. Certes, je fais aussi des photos souvenirs, mais dans ce cas, je ne les diffuse qu'aux intéressés et ce n'est pas l'objet de ce post ☺
J'essaie aussi d'éviter (dans la mesure du possible) que des passants soient dans mon cadre. Cela implique d'attendre, de chercher une place, éviter les jours / heures d'affluence. Pas toujours, car parfois ce sont les passants qui forment l'intérêt de la scène de vie.
Bien sûr, je respecte le travail des photographes qui font poser des jeunes & jolies personnes habillées et apprêtées dans des champs ou sur des voies ferrées, mais ce n'est pas mon choix ☺
Et la créativité dans tout ça ?
Une fois que vous êtes à l'aise avec la technique de votre appareil (ouverture, vitesse, sensibilité, mise au point, exposition, …) et les règles de base de la composition, empressez-vous de faire ce que VOUS voulez.
Essayez des prises de vue depuis des positions insolites (se mettre au niveau du sol, permet d'avoir des points des vue différents par exemple). Tâtonnez dans les compositions, …
De toute façon, nous ne serons pas des professionnels de la photo (enfin si tu lis ce post, normalement tu n'es pas pro hein) mais nous pouvons au moins essayer de faire des images pas trop mal tout en ayant une activité récréative.